A chaque arme, sa signature balistique.
Chaque arme laisse des marques uniques lorsqu’une cartouche est tirée. C’est d’autant plus embarrassant qu’il n’existe aucune base de données centralisée qui contient ces signatures balistiques au Pakistan.
Devant les 18 millions officiels d’armes détenues par la population pakistanaise, et les 2251 meurtres perpétrés de janvier à juillet 2012 1, la police du Sindh (Province incluant Karachi) s’intéresse à l’instauration d’une base de données de 30 millions de roupies (241 000 euros) visant à recueillir les informations concernant les personnes vendant ou achetant des armes et des munitions, afin de faciliter les enquêtes criminelles.
Un système centralisé tel que l’Integrated Ballistic Identification System (IBIS), commercialisé par la société canadienne Forensic Technology, Inc, est utilisé à travers le monde entier, mais ni la criminalistique ni la balistique
ne font pas vraiment partie des méthodes d’investigation au Pakistan. La police pakistanaise a préféré avoir recours jusqu’alors aux interrogatoires musclés et à son« réseau d’espionnage de voisinage ».
L’installation d’IBIS nécessiterait un délai de trois mois. L’Inspecteur Général de Police Fayyaz Ahmed LEGHARI a décidé de l’obligation pour les marchands d’armes de transmettre aux forces de police tous les détails de leurs transactions. Ainsi, des policiers devront écumer les armureries afin de récolter les douilles ainsi que les balles tirées lors des essais d’armes afin d’enregistrer ces informations à la Division de criminalistique, et ce jusqu’à l’acquisition du système IBIS.
6000 douilles ont été fichées jusqu’à aujourd’hui, manuellement. Rechercher une correspondance est un processus long et pénible. Il est stupéfiant de devoir compter un délai de 300 jours afin de savoir si l’arme saisie d’un suspect correspond à l’une des armes enregistrées dans la base de données, sans compter sur les erreurs humaines potentielles. Obtenir les 10 meilleures concordances d’un clic serait un gain de temps considérable. Aujourd’hui, la police n’a qu’une chance sur un million d’identifier une arme.
Le Pakistan a l’un des taux les plus hauts du monde d’arme par tête qui est de l’ordre de 11.6 armes pour 100 habitants. Le nombre d’armes illégales est estimé à 20 millions, et 2 millions d’armes pour Karachi seulement. La police de Karachi a évalué à 125 000 armes de calibre 9, calibre de prédilection des meurtres ciblés.
L’inspecteur général adjoint de la Division de criminalistique du Sindh, Munir Ahmed SHEIKH, n’a cessé de réclamer les fonds nécessaires à la mise en place d’un système automatisé :
Dès que nous avons enregistré une arme, même si cette arme n’est utilisée que 5 ans plus tard, nous pourrons alors l’identifier.
Quant au problème des armes non enregistrées, il reste entier. IBIS ne pourrait servir qu’à enregistrer les armes neuves, ou déclarées avec une licence dûment tamponnée. Les personnes détenant ces armes se verraient dans l’obligation de faire valider auprès des services criminalistiques leur licence, ce qui pourrait leur poser un problème s’ils ne sont pas déjà enregistrés dans la base. 50 000 armes sont soumises à licence à Karachi contre deux millions d’armes non déclarées.
- Uniquement pour la Province du Sindh ↩
