Le Speaker Identification Integrated Project (SIIP) est un projet fondé en 2014 à l’initiative de la Commission Européenne, avec la collaboration d’Interpol.
Fusion, Acquisition et Identification
Il s’agit d’une véritable avancée technologique qui permettra l’identification de suspects par l’association d’une solution d’Identification de Locuteur (SID : Speaker Identification) et d’un moteur de base de données le Global Sharing Mechanism (GISM) qui identifiera les voix inconnues capturées lors d’appels interceptés par voies légales, sur des scènes de crime ou d’attaques terroristes, mais également toutes les voix issues de divers média, dont les réseaux sociaux.
La solution d’Identification de Locuteur est le résultat de la fusion de plusieurs algorithmes d’analyse vocale tels que la reconnaissance d’empreintes vocales, l’identification du sexe, de l’âge, de langue maternelle et d’accent, avec une détection de taxonomie et de mots clefs, ainsi que les imitations vocales. Cette fusion est le cœur de ce programme : il permettra une détection d’une fiabilité inégalée, maintenant le seuil de faux-positifs et de faux-négatifs à un seuil minimum, rendant cette technologie identificatoire admissible devant la justice.
Identification des voix encryptées
Que ce soient des appels passés par des applications VoIP, ou par des voies classiques, rien ne résistera à SIIP.
Certaines de ces applications VoIP sont encryptées, comme Skype ou Gtalk (Google-Talk). Les forces de l’ordre utiliseront alors la boîte noire pour cracker le cryptage grâce à la clef de chiffrement qu’ils auront obtenue par voies légales auprès du développeur de l’application.
Les identités multiples adoptées par les terroristes et les criminels seront associées à la personne réelle. Ainsi, changer de carte Sim, acheter des téléphones prépayés, utiliser des téléphones portables empruntés au hasard, utiliser des alias différents auprès des applications VoIP ne suffiront pas à déjouer la surveillance à laquelle ils tentent d’échapper. Les voix des personnes inconnues interceptées à l’occasion d’un appel à un suspect seront ainsi identifiées.
Une fois les suspects identifiés, il sera aisé de recouper leurs identités avec les métadonnées glanées sur le web et les réseaux sociaux (détails personnels, profils, lieux, connexions sociales, etc …)
C’est alors qu’Interpol joue son rôle de coordinateur : la mise en place d’un Hub qui centralisera les informations vocales récoltées par le SIIP, assorties des métadatas liée au suspect. Ces informations seront stockées dans une base de données centrale sécurisée d’Interpol et mises à la disposition des autorités policières à travers le monde : le réseau de cette agence mondiale est un mécanisme hautement sécurisé et bien huilé
Testé et Approuvé
Le potentiel de SIIP a été présenté le 1er juin dernier en Italie, et son concept validé par des officiers de police issus de 20 agences internationales des forces de l’ordre, par des experts en criminalistique mais aussi par des acteurs du secteur privé.
Lors de cette présentation, le système a trouvé une correspondance avec une voix enregistrée à partir d’un réseau social, révélant alors son sexe, son âge, sa langue et son accent.
Et l’on n’est qu’à mi-chemin de son accomplissement final…