Inspiré de faits rééls …
Après une évasion rocambolesque, certes digne d’Hollywood, El Chapo est revenu à la case “Prison”.
To be or not to be …extradited
Arrêté le 8 janvier, suite à une interview, ô combien controversée, avec l’acteur Sean PENN, Joaquin « El Chapo » GUZMAN n’a pu échapper à la Navy mexicaine, l’unité anti-drogue d’élite. Après avoir écumé les égouts, ils ont trouvé El Chapo dans une maison voisine de la mère du gouverneur de Sinaloa, à Los Mochis, situé sur la côte pacifique du Mexique.
Le gouvernement du Président Peňa NIETO entamera-t-il les formalités d’extradition vers les Etats-Unis ? Désireux de voir le leader du cartel de Sinaloa répondre de ses crimes sur le sol mexicain, le gouvernement n’était jusqu’alors que peu favorable à son extradition. Pour certains, l’extradition serait alors perçue comme un aveu de nette incompétence, doublé d’une soumission inconditionnelle aux Etats-Unis.
Les avocats d’El Chapo ne manqueront pas de faire appel par le biais d’une injonction, stipulant que toute extradition serait inconstitutionnelle, afin de gagner des mois, voire des années, même si cette démarche n’a que peu de chances d’aboutir. Lui reconnaissant un certain talent à prendre la poudre d’escampette, tout délai pourrait compromettre une quelconque comparution devant un jury.
Cependant, une telle injonction a des limites : l’extradition est inévitable, comme pourrait en attester Alfredo BELTRAN LEYVA, fondateur du cartel BELTRAN extradé vers les Etats-Unis en 2004.
L’attrait d’Hollywood
Rêvant de mettre sa vie sur pellicule, et mettant à profit l’intérêt que Sean PENN porte au monde de la pègre, GUZMAN affiche sans complexe ses ambitions cinématographiques. Il n’est certes pas le premier. Le cinéma et le monde criminel entretiennent des liens étroits. Si le cinéma est ce que l’abysse est pour Nietsche, il serait alors juste de dire que quand le cinéma regarde le crime, le crime regarde aussi le cinéma.
El Chapo n’est pas le premier gangster à vouloir porter sa vie sur écran, et son implication lui assurerait une image bonifiée de sa personne. Nul doute qu’il a plutôt en tête le Tony Montana de « Scarface », devenu une icône que le Pablo Escobar de « Paradise Lost ».
En 1932, Al « Scarface » Capone s’était alors assuré que son image n’était pas écornée dans le film éponyme d’ Howard HAWKS. Il avait mandaté deux de ses gros bras dans les studios pour s’en assurer.
Gonflé de son succès médiatique, GUZMAN met en avant ses qualités militaires :
Je fournis plus d’héroïne, de méthamphétamine, de cocaïne et de marijuana que n’importe qui d’autre dans le monde. J’ai une flotte de sous-marins, d’avions, de camions et de bateaux.
Si John GOTTI, le dernier chef de la famille GAMBINO (New-York) affirmait gagner sa vie en cultivant des fleurs et des légumes, El Chapo, quant à lui, explique comment il blanchit son argent.
Le chef du cartel de Sinaloa est conscient que l’histoire de ses évasions audacieuses et successives est ce qui capture l’intérêt du public, bien plus que ses crimes.
Loin de la vie glamour présentée au cinéma, le chef de cartel n’est pas charismatique. Il ne vit pas entouré de pulpeuses créatures, mais souvent caché dans des trous à rats.
Si l’arrestation de Joaquin « EL Chapo » GUZMAN met fin à sa carrière de leader, elle ne freinera en rien les exportations massives de drogues du cartel de Sinaloa.
Mais est-ce vraiment le chapitre final de la saga « El Chapo » ?