L’avènement de l’ordinateur quantique menace la sécurité sur le web.
Les méthodes d’encryptage utilisées aujourd’hui ne résisteront pas aux ordinateurs quantiques.
Les ateliers regroupant d’éminents cryptographes se succèdent. Des scientifiques de l’ICQ et de l’European Telecommunications Standards Institute se sont réunis du 5 au 7 octobre à Séoul, pour le 3ème atelier dédié à la sécurité quantique, qui a pour but le développement d’outils moins vulnérables face aux ordinateurs quantiques.
Bien que ces ordinateurs du futur ne sont attendus que dans une dizaine, voire une vingtaine d’années sur le marché, les experts sont formels : il faut être prêts. Les hackers sont déjà dans les starting blocks !
Aujourd’hui, aucun ordinateur ne peut cracker le chiffrement utilisé pour envoyer des données sur Internet, mais ce sera un jeu d’enfant pour l’ordinateur quantique qui rendra les algorithmes de cryptage RSA obsolètes.
Je suis sincèrement inquiet, nous n’allons pas être prêts à temps,
déclare Michele MOSQUA, co-fondateur de l’IQC.
Révélé à l’origine par Edward SNOWDEN, la NSA a développé ces dernières années un ordinateur quantique, projet connu sous le nom de code « Penetrating Hard Targets », grâce à un budget de 80 $ millions. Elle a annoncé lors d’un communiqué, le 19 août dernier, travailler en collaboration avec de nombreux partenaires issus tant du secteur public que privé, au développement de nouveaux algorithmes post-quantiques, pouvant résister à ces calculateurs qui menacent la sécurité nationale.
Pour Stephen JORDAN, physicien du NIST, il est grand temps de s’atteler à la tâche.
Afin de pouvoir faire confiance à un système de cryptage, on a besoin de beaucoup de personnes qui puissent l’étudier scrupuleusement, concevoir des attaques et vérifier s’il y a des failles : ça prend du temps.
La menace est imminente selon les services de renseignements hollandais (GISS). Le scénario « intercepter maintenant, décrypter plus tard » est préoccupant. En effet, un hacker pourrait commencer d’ores et déjà à intercepter et stocker des données sensibles comme des transactions financières, des emails personnels, puis les décrypter aussitôt que les ordinateurs quantiques seront disponibles.
Je ne serai pas du tout surpris qu’il y ait des gens qui fassent déjà cela,
renchérit Stephen JORDAN.
Le compte à rebours s’accélère : le développement d’un algorithme de détection d’erreurs appliqué à l’informatique quantique par IBM, l’utilisation de silicium purifié pour placer les qubits 1 afin d’en améliorer la précision … autant d’avancées technologiques qui réduisent l’échéance de la démocratisation de cet ordinateur tant attendu par certains et tant redouté par d’autres.
- silicium ne contenant qu’un isotope stable, sans aucune radioactivité décelable contrairement aux isotopes présents naturellement dans le silicium, et donc n’interférant pas avec le qubit : l’isotope 28Si. ↩