Les autopsies mises au rancart par les virtopsies high-tech ?
La virtopsie, rendue populaire par des séries telles que « Bones » ou « Les Experts » (CSI), permet d’expliquer en quelques minutes, un renfort de scans détaillés toutes les morts suspectes, et ceci en quelques minutes !
Les autopsies traditionnelles jouent quant à elle les seconds rôles.
Qu’en est-il réellement ?
La Mort sur toutes les coutures
- La Virtopsie (Virtopsy) est un néologisme né de la contraction des mots « virtuel’ et » autopsie ».
- Elle a été inventée par Michael THALI , à l’institut médico-légal de l’Université de Berne (Suisse), qui a mis au point un robot (Virtobot) capable de réaliser des autopsies des cadavres sans les ouvrir. Elle consiste à l’utilisation de différentes techniques d’imagerie médicale, ( le scanner, aussi appelé tomodensitométrie (TDM), l’I.R.M, la tomographie.) afin de déterminer la cause de la mort, en cas de mort suspecte.
- Le scanner laser sonde la peau pore par pore afin de détecter toutes traces de piqûres, éraflures, coupures, qui pourraient échapper à l’oeil nu.
- L’I.R.M. sonde en profondeur. On obtient alors une image en 3D de la dépouille mortelle.
- On dispose alors de 3500/4000 coupes de 0.6 mm , qui vont être compilées. Grâce à la puissance des logiciels et des ordinateurs, on obtient une reconstruction surfacique tridimensionnelle, volume dans lequel on peut tourner dans tous les sens. On peut se rapprocher de l’os, ou encore rechercher des lésions organes organes (hémorragie cérébrale, trajet balistique, fractures).
Les logiciels de post traitement nous donne des possibilités quasi infinies, déclare le Dr Guillaume GORICOURT (Radiologue au Pôle d’imagerie HM de la Timone (Marseille).
Des performances indiscutables
- Il est évident que comparer à l’autopsie traditionnelle, la virtopsie recèle de nombreux avantages :
- Le cadavre ne s’altère pas avec le temps.
- On peut recommencer l’autopsie autant de fois que l’on veut : en effet, la virtopsie conserve cadavre dans son état original. C’est une méthode non invasive.
- Alors qu’avec l’autopsie, les indices sont perdus lorsque le corps est rendu aux proches pour inhumation ou incinération.
- On peut y revenir à tout moment car
Si le corps a été scanné le jour J, et que l’affaire est réouverte 10 ans plus tard, le volume d’acquisition numérique est toujours présent et peut être chargé dans n’importe quel ordinateur, retravaillé a posteriori, avec des nouveaux éléments d’enquête qui ont été amenés, précise le docteur GORICOURT.
- Tous les clichés sont sauvegardés sur un disque, ce qui permet un échange facilité entre experts. Il est facile de demander l’opinion d’un collègue, géographiquement éloigné, en lui envoyant des clichés.
Des clichés politiquement corrects
- Beaucoup de présidents d’assises répugnaient présenter des photos d’autopsie. Virtopsie produit une image objective, présentable a juré, qui prend des décisions émotionnellement (fait statistiquement prouvé). Ces photos de scanner, ont un redu iconographique non sanglant, particulièrement démonstratif, et n’est pas chargé émotionnellement. On tend alors vers une plus grande efficacité en termes de justice.
Efficacité prouvée en traumatismes pénétrants et balistique lésionnelle
- La TDM multicouches par ordinateur fournit des images en haute résolution. On obtient d’excellents résultats avec les lésions des tissus mous (morsure, par exemple). On peut alors comparer une morsure avec les temps d’un auteur potentiel. Particulièrement efficace dans le cas de blessures multiples, soit par arme à feu, soit par arme blanche.
- La trajectoire des coups de couteau ou des projectiles est aisément déterminée. Le rapprochement avec l’arme utilisée en est grandement facilité.
- La virtopsie a été utilisée en collaboration avec l’armée américaine afin d’autopsier systématiquement tous les soldats morts au combat en Irak (exemple parfait de de blessures multiples).
De l’air, donnez-moi de l’air
- La Virtopsie permet de repérer la dimension gazeuse (présence d’une bulle d’air) dans les poumons dans les cas suspecté d’infanticide. Il est difficile de détecter la présence d’air dans les poumons lors d’une autopsie, car dès que l’on ouvre les poumons si air il y a, l’air s’en échappe instantanément sans qu’il ne puisse être détecté.
Fractures reconstruites
- La virtopsie procède à une reconstruction tridimensionnelle la des fractures. Ceci permet de détecter des fractures cicatrisées, par exemple causée par des mauvais traitements.
L’autopsie à la rescousse
- Cependant la virtopsie n’est pas prête de détrôner l’autopsie, qui reste malgré tout la norme en or pour ce qui est d’expliquer les causes de la mort.
Cher, encore trop cher !
- Aujourd’hui, la virtopsie est pratiquée sur des scanners » ordinaires », ceci pour raisons de coût. Si la pratique se répand, ces coûts diminueront.
Un gain de temps tout à fait relatif
- S’il ne faut que 90 secondes pour scanner un corps, le travail de reconstruction peut prendre de 2 à 4 heures selon la complexité du cas, et le nombre de projectiles (au cas échéant). L’acquisition est rapide, mais la reconstruction reste équivalente au temps passé pour une autopsie.
Des prouesses limitées
- La virtopsie a du mal à détecter les maladies cardiaques ischémiques, les embolies pulmonaires, les inflammations pulmonaires et les lésions abdominales.
- Selon une étude menée à l’hôpital John Radcliffe a Oxford (Angleterre), dans 42 % des cas pour l’I.R.M., et dans 30 % des cas pour les tomographies, les radiologues étaient persuadés que l’autopsie traditionnelle n’était pas nécessaire. Or dans 21 % des cas pour l’I.R.M. et 16 % des cas pour les tomographies, il existait divergences significatives sur les causes présumées la mort.
L’avenir de la virtopsie
- Si l’autopsie a du mal à détecter les bulles d’air dans les cas de poumons effondrés, et les fractures d’os, la virtopsie quant à elle peine à établir un diagnostic devant les crises cardiaques, les embolies pulmonaires et le cancer.
L’angiographie : la solution ?
- L’équipe de recherches de l’université de Leicester de l’Unité de Forensic Pathology de l’East Midlands, a remporté le prix du prestigieux National Institute for Health Research (NIHR), pour leurs recherches dans le développement de l’utilisation de l’angiographie en complément de la virtopsie.
- La technologie a pour but de visualiser les artères coronarienne en faisant circuler un agent de contraste avec une machine coeur -poumons dans les vaisseaux sanguins. Cela permettrait de diagnostiquer les maladies coronariennes.
- Le professeur Guy RUTTY assure vouloir rechercher
Une alternative réaliste à l’autopsie, et se déclare confiant dans le développement d’un système rentable qui pourrait être utilisé à l’avenir comme une alternative à une autopsie invasive.
Ce que la loi dit …
- Selon le code de procédure allemand, les preuves obtenues par imagerie ne seront utilisables devant le tribunal en combinaison seulement avec une autopsie traditionnelle.
- D’ailleurs, le docteur GORINCOURT le confirme :
Aujourd’hui, c’est un travail qui est un petit peu frontière avec un travail de recherche, et donc on a encore besoin, radiologues et légistes, de confrontation entre les deux examens pour comprendre ce que l’un peut apporter de plus par rapport à l’autre, et les deux sont parfaitement complémentaires aujourd’hui.