Extraire de l’ADN avec une méthode classique est invasif et détruit souvent les spécimens fossiles. Le Professeur Christina WARRINER, enseignante en anthropologie, a exploré une toute autre voie : l’ADN contenu dans la plaque dentaire.
Cette substance blanchâtre, qui se dépose à la surface de la dent, et constituée de protéines salivaires, d’aliments, de bactéries et de toxines, se retrouve également sur les dents fossilisées.
« Bien que la plaque dentaire ait été depuis longtemps mentionnée sur les rapports archéologiques, elle a été longtemps négligée et mise de côté. On a cru longtemps que le tartre dentaire était abiotique, ne contenant ni ADN, ni protéines, et que son seul intérêt, jusqu’à récemment, résidait dans la recherche de microfossiles végétaux, comme du pollen ou des granules d’amidon : un trésor biomoléculaire se cachait sous notre nez, »
déclare Christina WARRINER.
WARRINER et ses collègues ont publié un article dans « The American Journal of Physical Anthropology », expliquant leur succès. En effet, ils sont parvenus à reconstruire un génome mitochondrial humain complet, avec une précision comparable à ceux établis à partir d’une extraction de dentine ou d’os.
Ainsi, l’équipe a extrait l’ADN de six individus issus d’un cimetière vieux de 700 ans.
Les prélèvements de plaque dentaire sont effectués à l’aide des mêmes instruments que votre dentiste, lors d’un détartrage.
Les six profils mitogénétiques n’aurait pu être obtenus par des méthodes conventionnelles, car aucun ADN n’avait été préservé dans les os.
« La plaque dentaire contient plus d’ADN que n’importe quel autre matériel génétique, »
explique le professeur WARRINER.
L’os archéologique contient moins de 2ng d’ADN par milligramme de matériel biologique, alors que le tarte dentaire en contient plus de 40 ng. Les scientifiques ont même glané plus de 500 ng par milligramme de tissu humain sur certains échantillons.
La plaque dentaire ne se contente pas de livrer du matériel génétique, mais révèle de précieux indices sur le microbiome , ainsi que le régime alimentaire. Armé de cette nouvelle technique, les archéologistes et anthropologistes voient s’ouvrir la porte de l’ADN michondrial, leur permettant de retracer l’histoire de l’espèce humaine et d’avoir un aperçu des mouvements de population.