Des portraits en 3D élaborés à partir de votre ADN
La prochaine fois que vous vous recoifferez dans les toilettes d’un restaurant, que vous enlèverez ce cheveu de votre manteau en attendant le métro, ou que vous jetez votre gobelet de café vide dans une poubelle publique, pensez aux informations tellement personnelles que vous laissez derrière vous. Heather DEWEY-HAGBORG, une artiste a collecté de nombreux échantillons variés anonymes et généré les portraits de leurs propriétaires.
Dans le cadre de son projet artistique, « Stranger’s Visions », Heather DEWEY-HAGBORG a collecté des cheveux, des mégots de cigarette, des chewing-gums, des ongles laissés dans des endroits publiques tels que des restaurants, des arrêts de bus, des toilettes, et a utilisé ces échantillons afin de les séquencer et d’analyser l’ADN qu’ils contiennent.
Titulaire d’un Master en Télécommunications Interactives, et forte d’une formation académique en Arts, elle a utilisé des algorithmes de reconnaissance faciale afin d’écrire un programme informatique qui transforme ces données génétiques en portrait digital, en se basant sur une base de données de modèles de visage. Ce portrait digital est alors envoyé à une imprimante 3D qui génère un masque fait de sable et de colle.
Je n’ai pas besoin d’être une biologiste moléculaire expérimentée pour pouvoir extraire de l’ADN,
déclare DEWEY-HAGBORG
il s’agit plutôt de suivre scrupuleusement un protocole, et coller à la recette.
Cette artiste a travaillé plus d’une dizaine d’année dans le domaine de l’intelligence artificielle et le traitement d’informations. Les portraits ne sont pas exacts mais relèvent d’une forte probabilité. L’ADN est une source d’informations riche d’enseignements, qui est facilement accessible à tout le monde. N’importe qui peut s’en saisir et pourtant ce domaine reste
dans une large mesure soumis à aucune régulation ni à aucune loi.
s’étonne-t-elle
Robert KITZMAN, professeur à la prestigieuse Columbia University (New-York), chargé du Master Bioéthique, précise que ce projet doit être envisagé sous l’angle artistique et non scientifique. La science n’autorise en aucune façon
la construction en 3D du visage de qui que ce soit à partir de son matériel génétique. Mais d’ici une dizaine ou vingtaine d’année, cela pourra être particulièrement déterminant.
L’ADN semble être ce qu’il a de plus proche du code source de notre identité, mais n’est pas si précieux que cela : nous le semons aux quatre vents.