Les drogues de synthèse prises dans la toile
Les Nouvelles Substances Psychoactives (NPS) constituent une menace croissante comme en témoigne l’augmentation d’admissions aux urgences et d’appels aux centres antipoison.
Génèse des drogues de synthèse
A l’origine, les drogues de synthèse sont issues de recherches médicales qui nécessitent la synthétisation de molécules, et la manipulation structurelle de principes actifs.
Connues sous la dénomination de Nouvelles Substances Psychoactives, elles contournent la législation en copiant les effets de leurs modèles (ecstasy, cocaïne, amphétamines, cannabis, héroïne, etc …) et se vendent comme « legal highs » (euphorisants légaux). Il s’agit de nouveaux stupéfiants ou psychotropes, à l’état pur ou dans une préparation. Certes « sitôt » sur le marché, les substances utilisées deviennent illicites, mais en modifiant légèrement les molécules, on parvient à recréer une nouvelle substance aux effets quasi-similaires, qui à son tour deviendra illicite, et ainsi de suite.
On recense une nouvelle substance par mois en France et une par semaine en Europe. Il est difficile pour les pouvoirs publics de légiférer à une telle cadence. Les substances dérivées de la cathinone et les cannabinoïdes se partagent le marché.
Bien que révélées au grand public qu’à partir de 2010, la France consomme des drogues de synthèse depuis 2008.
Origines géographiques
Les drogues de synthèse proviennent principalement de la Chine et dans une moindre mesure d’Inde. A ce jour, seuls les Pays-Bas et la Pologne ont signalé une production locale de NPS, cette production représentant une faible quantité.
Une fois que ces substances ont pénétré le territoire européen, de préférence un pays n’ayant pas encore légiféré sur ces drogues, elles sont alors ventilées vers les autres pays de l’UE.
Puis, les matières premières sont assemblées, mélangées, et conditionnées sous différentes formes (gélules, poudre, comprimés …) dans des laboratoires ou des « zones » dites de transformation.
Si le marché était jusqu’alors dominé par des entrepreneurs opportunistes, il semblerait que le crime organisé s’y intéresse tout particulièrement.
Tout n’est que transformation

Les drogues de synthèse sont essentiellement distribuées sous forme de poudres. La substance originale sera évoquée sous la forme galénique.
Le processus de transformation de la poudre en comprimé est simple et peu chère : elle vise le marché des consommateurs de MDMA.
Pour ce qui est des cannabinoïdes, la poudre sera amalgamée dans de l’herbe sèche, ou à des débris végétaux divers ou transformée en pâte afin d’évoquer là encore le produit original.
Le packaging et le design se veulent colorés et attractifs. Par contre, aucune précision sur la composition chimique du produit, sur ses effets ou sa toxicité ne sont présents sur l’emballage. D’ailleurs, le contenu peut varier au fil du temps ! L’acheteur consomme à ses risques et périls : il est son propre cobaye.

Un succès grandissant et inquiétant
Tout d’abord, la qualité des drogues dites classiques s’est appauvrie. Puis, une pénurie de MDMA en 2009 a lancé l’ecstasy (mCPP), une drogue de substitution imaginée par les trafiquants : il fallait impérativement combler le manque à gagner.
D’un prix défiant toute concurrence, (de 8 à 20€ le gramme), les drogues de synthèse bénéficient d’un processus de fabrication simple et peu coûteux. Certes, les prix varient selon la législation en cours : la méphédrone a vu ses prix s’envoler, et a distribution (essentiellement sur internet) restreinte après avoir été classée comme stupéfiant au sein de l’Europe en 2010. Au début 2010, on dénombrait 47 boutiques en ligne, mais à la fin de l’année, seuls deux points de vente subsistaient.
Les prix appliqués sur internet sont en moyenne trois fois moins chers que ceux de la rue.
Avec une moyenne se situant aux alentours de 15€, ils restent plus que compétitifs face aux prix de la MDMA en poudre (62€/gramme) ou celui de la cocaïne (60€/ gramme).