SHOTSPOTTER ZOOME SUR LES TIREURS

Un coup de feu retentit quelque part dans la ville . Aussitôt, u n appareil photo haute-définition  zoome sur le visage du tireur et un système le localise précisément. De la fiction digne de Minority Report ? Pas pour Safety Dynamics : le futur s’appelle SENTRI.

Balistique, Acoustique et Biométrie

Vous tirez à l’aide d’une arme à feu, et votre position est identifiée, une caméra pointe vers votre visage et envoie la capture photographique à une base de données biométriques à des fins d’identification. S’il n’existe aucune

correspondance dans la base, une fiche est alors créée.

L’association des capteurs acoustiques du système SENTRI Gunshot Detection de Safety Dynamics au logiciel FaceFirst du groupe Airborne Biometrics rend cet exploit technologique redoutable. Ce type d’identification est une première mondiale. Ces sociétés visent le marché des forces de l’ordre, mais aussi des sociétés privées de sécurité.

La détection de tir et la reconnaissance faciale ont connu un véritable essor ces dernières années. Aussi Safety Dynamics ne sont pas les seuls à viser ce marché ; leur concurrent ShotSpotter, de la société SST,  a développé un système qui repose sur une surveillance acoustique étendue couplée à une technologique de triangulation type GPS capable de localiser précisément la source d’un coup de feu. En y associant la reconnaissance faciale, cela va encore plus loin. Les systèmes biométriques d’aujourd’hui se sont nettement améliorés grâce à l’exploitation d’algorithmes 3D, atteignant un niveau de précision impressionnant.

De nombreux test menés par le NIST  ¹ont montré que les systèmes d’identification biométriques d’aujourd’hui  ont un taux d’identification positive de l’ordre de 95% contre 75% il y a 10 ans.

Zoom sur le fonctionnement de ShotSpotter

Les capteurs

Tout d’abord, il s’agit de fixer les capteurs acoustiques à des bâtiments, ou à des poteaux, sur une place au coeur de la ville, ou encore dans des zones urbaines (16 capteurs par 2.5 km²). Lorsqu’un son balistique est capté, la position de l’azimut et l’élévation sont transmis en une fraction de seconde au matériel vidéo ou  photographique.

Lorsqu’un coup de feu est tiré, l’onde sonore se propage dans toutes les directions à une vitesse uniforme, heurtant les capteurs à des instants différents. Ces instants sont comparés numériquement afin de déterminer l’origine du son avec une très haute précision.

Analyse du son

Le logiciel d’analyse audio peut spécifier si le tireur est stationnaire ou en mouvement. Dans le cas d’un tireur en mouvement, la police est alors informée de la vitesse et de la direction du véhicule dont sont issus les coups de feu. ShotSpotter Gunfire Alert transmettra la localisation automatiquement aux forces de police, ou à un ordinateur chargé, qui dispatchera l’information en quelques secondes.

Les capteurs peuvent déterminer la signature acoustique de l’arme utilisée afin de distinguer les types d’armes et calibres . De la même façon, ils peuvent capter différents types d’explosions et les classifier : d’un pot d’échappement défectueux en passant par des pétards et allant jusqu’à l’explosion d’une bombe.

La précision de ShotSpotter est de l’ordre de 3 mètres à 4.50 mètres, mais certains services de police ont rapporté une précision de l’ordre d’1.50 mètre. Selon la société SST, en 2006, 91% des coups de feu captés par ShotSpotter avait été émis à moins de 10 mètres du lieu spécifié par le système.

Les faux positifs

Ce type de système de détection acoustique a vu le jour dans les années 90, mais produisait de nombreux faux positifs. Or, l’une des particularités de ShotSpotter est sa capacité à apprendre de ses erreurs. En effet, il peut intégrer une sensibilité à de nouveaux sons. SST complète ShotSpotter avec un détecteur complémentaire qui améliore d’autant le taux de précision en réduisant les faux positifs. Le système peut transmette un son à un centre d’appel, où des experts en acoustique pourront étudier le type d’onde et l’identifier comme étant le résultat d’une arme à feu ou d’un pétard.

Taux de couverture

Contrairement aux autre systèmes de surveillance concurrents, Shotspotter ne nécessite pas un champ dégagé. Ses capteurs couvrent une grande surface, de l’ordre de 2.5 kms en cas de champ non obstrué.

Mais cette technologie a un coût non négligeable : il faut compter 60.000$ par 2.5km² couverts. Cela n’a pas découragé de nombreuses villes américaines, qui en sont déjà équipées.D’autres villes sont en cours d’installation et procèdent aux tests. La police de Youngstown, Ohio, a même déployé une vaste campagne informative …

Si vous tirez avec une arme à feu, on vous trouvera

D’autres pays sont sur les rangs, comme le Brésil, qui soucieux de préparer la Coupe du Monde de football en 2014  et les Jeux Olympiques de 2016, ont placé 70 capteurs dans les zones urbaines. Les tests de calibration ont débuté en novembre 2012.

Associé à un dispositif de reconnaissance biométrique, on atteint un niveau technologique encore inégalé.

FaceFirst : le futur vous regarde dans les yeux

Lorsque les informations liées à l’azimut et l’élévation sont transmises au logiciel FaceFirst, un algorithme calcule la position exacte du visage, s’aligne sur les yeux du tireur, procède à des ajustements, et prend enfin une série de clichés. En cas de photographie trop difficile à interpréter, le système envoie une alerte.

FaceFirst possède toute une variété d’ajustements à son actif : il peut améliorer notamment  le contraste afin de distinguer les traits du visage avant d’extraire les données biométriques (longueur du nez, largeur de la bouche, etc …).

Puis, le logiciel  calibre la photographie prise afin de pouvoir la comparer à celle stockées dans la base de données.

Lorsqu’il s’agit du secteur privé, des photos ou vidéos d’entreprise peuvent servir à alimenter la base de données de référence, mais la société peut également souscrire à des bases de données externes sous forme d’abonnement.

Cette solution biométrique peut fonctionner soit en mode totalement automatisé, soit en introduisant une présence humaine dans le processus, capable alors de rechercher manuellement une correspondance dans la base lorsque le système n’a trouvé aucune correspondance.

A ce jour, ShotSpotter travaille à la mise au point d’un système de détection de coup de feu intégré au gilet pare-balles. Cet équipement comprendra des capteurs acoustiques, un GPS intégré et une fonction d’affichage. Lorsque le progrès est en route …