Un nouveau médicament vient de voir le jour et s’affiche comme étant non seulement un décongestionnant nasal efficace mais aussi comme une arme contre le crime.
Zephrex et Tarex : une association frustrante pour les « cuisiniers »
Les fabricants du Zephrex-D, Westport Pharmaceutical, basés à St Louis, Missouri, viennent de commercialiser un décongestionnant nasal unique en son genre. Ce type de médicament contient toujours de la pseudoéphédrine associée à du paracétamol ou à de l’ibuprofène ( comme l’Actifed, le Nurofen Rhume, l’Advil Rhume, le Doli Rhume, l’Humex …). Le Zephrex-D ne fait pas exception, mais la pseudoéphédrine contenue contient du Tarex. Et alors me direz-vous ? Il convient de préciser que la pseudoéphédrine est un ingrédient essentiel à la fabrication de la méthamphétamine et que le Tarex présent dans le Zephrex-D empêche tout détournement de son utilisation première.

Préparation de méthamphétamine : source de tous les dangers
La méthamphétamine est un fléau qui frappe tout particulièrement les Etats-Unis et le Canada. En 2010, les Etats-Unis ont démantelé 6768 laboratoires clandestins. Le coût engendré par la métamphétamine est estimé à 23,4 milliards de dollars par contribuable. Sa fabrication est responsable d’un taux élevé de criminalité généré par des vols et agressions perpétrés dans les pharmacies, d’incendies et d’explosions de laboratoires clandestins lors de son élaboration, mais aussi de victimes brûlées, intoxiquées par les vapeurs toxiques que dégagent les produits utilisés, sans compter le nettoyage coûteux des déchets hautement toxiques nécessaire lorsqu’un labo clandestin est déblayé. Autrefois, appelée « la cocaïne du pauvre », elle est connue aujourd’hui sous des noms plus glamours comme crystal (sous la forme de cristaux constitué de méthamphétamine pure à 80%), crank, tweak, ice, Tina, jib ou speed. Plus glamour certes, mais d’autant plus meurtrier.
On trouve la méthamphétamine sous forme de poudre, de capsules ou de cristal (pouvant être injectés, prisés ou fumés). Les labos clandestins se sont multipliés, et sont la source de nombreux incendies et de morts. Les produits impliqués dans sa fabrication sont un mélange :
- de pseudoéphédrine,
- d’éphédrine
- de divers acides (acétique, iodhydrique, sulfurique, hydrochlorique)
- d’autres réactifs, tels que l’ammoniac anhydre, de phosphore rouge (hautement instable et inflammable), de lithium, de magnésium, de sodium métalliques, d’iode, de méthylamine, d’acide phénylacétique
- de bases sous forme d’hydroxyde de sodium
- de solvants comme l’acétone, le benzène, le chloroforme, l’éthanol, l’éther …
Cette cuisine génère des sous-produits qui sont souvent la cause de mort chez les « cuisiniers » : la phosphine, le phosgène et l’acétate d’ammonium. Sans pseudoéphédrine, point de métamphétamine.
De la Méthamphétamine au Crystal

Sphères blanches : molécules d’hydrogène
Sphères grises : molécules de carbone
Sphères bleue : molécule de nitrogène
Sphères rouge : molécule d’oxygène
Cette pseudoéphédrine est utilisée lors de la phase de cristallisation. Il existe deux méthodes de cristallisation :
L’une d’entre elles requiert des centaines de comprimés de pseudoéphédrine que l’on fait chauffer avec des produits inflammables, ce qui occasionne des vapeurs nauséabondes et de nombreuses explosions.
L’autre, plus « moderne » s’appelle le « shake and bake » ou « one pot ». Elle ne nécessite que quelques comprimés de pseudoéphédrine, une bouteille de soda de 2 litres et quelques produits chimiques ménagers. Cette méthode est d’autant plus dangereuse que si la bouteille n’est pas agitée comme il convient, ou si de l’oxygène s’infiltre, ou encore si l’on débouche la bouteille trop vite, elle peut exploser et se transformer boule de feu.

C’est précisément durant cette phase de cristallisation que le Zeprex-D, et plus précisément le Tarex joue son rôle « d’empêcheur de tourner en rond. » Le Tarex interrompt le processus de cristallisation et transforme le mélange en substance visqueuse.
Particulièrement avec la méthode « shake and bake », vous ne pouvez pas en retirer de la méth,
déclare Emilie DOLAN, responsable Marketing chez Highland Pharmaceuticals
ça se transforme en une sorte de mélasse.
A ce jour, le Zephrex-D se délivre sous ordonnance, sauf à dans les comtés de St Charles (Missouri) et Franklin (Virginie), et ce malgré une forte pression pour rendre le Zephrex-D un médicament en vente libre par décret. L’acheter relève quasiment du geste citoyen, et permet de lutter activement contre le crime.
Mais attention au produit qui tend à remplacer la pseudoéphédrine : le BMK (benzylmethylketone). Certes moins rentable, mais plus discret, il n’est pas encore utilisé par les « cuisiniers » amateurs, mais commencent à l’être par les trafiquants « professionnels ».