Le triangle criminel appliqué à la contrefaçon de médicaments

Le triangle criminel appliqué à la contrefaçon de médicaments

Le remède contre la fraude médicamenteuse ?

L’industrie mondiale de la contrefaçon de médicaments est trois fois plus importante que le marché illégal des stupéfiants.

Les marges bénéficiaires sont alléchantes et le crime organisé s’y engouffre.

Pour 1000 dollars investis, le criminel obtient :

  • 20 000$ de la vente de stupéfiants
  • 43 000 $ de la vente de cigarettes de contrebande
  • 500 000 de la vente de faux médicaments.

La contrefaçon de médicaments est un problème grandissant dans les pays en voie de développement.

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L’industrie mondiale de la contrefaçon de médicaments est trois fois plus importante que le marché illégal des stupéfiants.

Jusqu’à présent, il n’existe aucun protocole d’enquête ou de lois servant les procédures pénales dans beaucoup de ces pays.

Une étude, publiée dans le Journal of Forensic Science and Criminology, propose une nouvelle approche en appliquant un principe de criminologie afin d’enrayer la production et la vente de ces produits de contrefaçon : le triangle criminel.

Notre étude applique dans le monde réel une théorie de criminologie, qui est généralement atypique dans l’univers des professionnels de la santé,

explique John SPINK, directeur du College of Veterinary Medicine Food Fraud Initiative, auteur de la recherche.

Néanmoins, il serait nécessaire d’approfondir cette étude afin d’en tirer des conclusions supplémentaires, mais la volonté d’un pays dans son combat contre la fraude médicamenteuse et les médicaments de qualité inférieure peut être interprété comme un signe de modernisation et de stabilité.

Certains pays déploient une approche qui consiste à une approche et une réponse rapides. Cependant, malgré la célérité policière, ces tactiques sont insuffisantes pour neutraliser ce type de fraude et protéger le public.

SPINK a étudié les protocoles d’enquête en travaillant avec les forces de police du Nigéria. Ces enseignements sont applicables à tous les pays qui doivent affronter la contrefaçon médicamenteuse, et il sont nombreux :

  • en 1995, 50 000 faux vaccins contre la méningite furent inoculés au Niger : 2 500 personnes sont décédées de la méningite.
  • en 1995, 90 enfants d’Haïti, et 30 enfants d’Inde sont morts après avoir ingéré un sirop anti-tussif contenant de l’antigel.
  • en 2001, 38% des médicaments contre la malaria, vendus dans les pharmacies du Sud Est asiatique ne contenaient aucun principe actif.
  • en mars 2016, des vaccins contre l’hépatite, la méningite et la rage, vendus clandestinement sur le marché chinois depuis 2011, ont été saisis. La police a procédé à 130 arrestations, et suspectent 29 sociétés pharmaceutiques d’être impliquées. Ce marché a été estimé à plus de 76 millions d’euros.
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Pour qu’il y ait crime, il faut qu’il y ait une convergence dans l’espace et le temps entre un criminel motivé et une cible intéressante sans gardien

Afin d’éviter ce type d’événement tragique, il convient de déterminer les facteurs nécessaires pour qu’un tel crime se produise.

L’application de la théorie du triangle criminel pourrait permettre aux forces de l’ordre d’anticiper les conditions qui mènent aux opportunités de contrefaçons.

En effet, le crime n’est pas seulement le fait du criminel. Pour qu’il y ait crime, il faut qu’il y ait une convergence dans l’espace et le temps entre un criminel motivé et une cible intéressante sans gardien : l’interaction de ces trois facteurs crée l’opportunité criminelle (Cohen et Feslon, 1979). En analysant la présence ou l’absence d’un de ces trois éléments, leur interactivité, leur mode de récurrence, on peut alors stratégiser la réduction de l’amplitude criminelle.

La contrefaçon de médicaments est rendue possible par l’absence de gardien (une police compétente) et la présence de victimes.

Il est essentiel de comprendre les différents types de contrefaçons, les contrefacteurs et les organisations criminelles. Le but est de réduire la taille du triangle,

déclare John SPINK

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Combattre la contrefaçon médicamenteuse revient à gérer une maladie comme celle du diabète

 

 

Dans le cas de son étude de cas au Nigéria, SPINK a constaté que les efforts dans ce combat ont porté leurs fruits : entre 2000 et 2004, le Nigéria a réduit drastiquement la part des médicaments frauduleux sur le marché pharmaceutique : 16% contre  65% préalablement.

Il s’agit de penser stratégiquement, mais ne pas tenir ces bons résultats comme acquis. Combattre la contrefaçon médicamenteuse revient à gérer une maladie comme celle du diabète : il ne s’agit pas de traiter une jambe cassée. La stratégie se doit d’être dynamique.

 

Post source : Moyer, D., Spink, J., & Rip, M. (2014). Addressing the Risk of Product Fraud: A Case Study of the Nigerian Combating Counterfeiting and Sub-Standard Medicines Initiatives. JOURNAL OF FORENSIC SCIENCE & CRIMINOLOGY. http://doi.org/10.1057/sj.2014.18 Black-market Vaccine Ring Broken Up in China. (s. d.). Consulté 11 mai 2016, à l’adresse http://www.laboratoryequipment.com/news/2016/03/black-market-vaccine-ring-broken-china Forensic Science Combats Counterfeit Drugs Worldwide. (s. d.). Consulté 11 mai 2016, à l’adresse http://www.forensicmag.com/articles/2016/04/forensic-science-combats-counterfeit-drugs-worldwide Sophic Capital - COUNTERFEIT PHARMACEUTICALS. (s. d.). Consulté 11 mai 2016, à l’adresse http://sophiccapital.com/counterfeit-pharmaceuticals/ Crédits Photos : shutterstock-198038408-web.jpg (620×414). (s. d.). Consulté 11 mai 2016, à l’adresse http://www.trademarksandbrandsonline.com/media/image/shutterstock-198038408-web.jpg counterfeit medicine.jpg (612×274). (s. d.). Consulté 11 mai 2016, à l’adresse http://www.datalogic.com/upload/trends/counterfeit%20medicine.jpg

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