PREVOIR LE CRIME : UNE REALITE (1/3)

L’ère de la police prédictive

La  prédiction policière est dans l’air du temps. En 2002, Minority Report, décrivant la société en 2054, introduisait la notion de prédiction criminelle avec ses PreCogs. Aujourd’hui  ils s’appellent, IRMA, PredPol ou CRUSH, et nous ne sommes qu’en 2013.

EYESEQUENCE1-300x126Madame IRMA voit l’avenir des récidivistes

En janvier, à grands renforts médiatiques, IRMA envahit les journaux télévisés. Richard BERK, Professeur de Criminologie et de Statistiques à l’Université de Pennsylvanie, a conçu un algorithme, nommé IRMA,  capable de prédire les crimes et délits en évaluant la probabilité de récidive. En estimant la probabilité de récidive, on peut alors faire baisser le taux de criminalité. Il s’agit d’évaluer le risque de récidive de criminels ou délinquants en liberté conditionnelle ou probatoire. Cet algorithme devrait constituer une aide précieuse à la décision judiciaire, d’une part en proposant des montants appropriés de cautions, et d’autre part en estimant les peines adéquates.

Richerd BERK, concepteur d’IRMA
Richerd BERK, concepteur d’IRMA

Lorsqu’une personne est en liberté conditionnelle, elle est sous la supervision d’un agent. La question que cet agent doit se poser est « quel niveau de supervision dois-je appliquer ?

explique Richard BERK

Le logiciel remplace simplement le processus menant à la décision.

Beaucoup de bruit pour rien

Afin d’élaborer cet algorithme, les scientifiques ont compilé plus de 60 000 actes criminels, homicides inclus. Deux douzaines de variables ont été chargées dans une base de données (nature du crime, casier judiciaire, lieu de résidence, âge du criminel/délinquant …). En compilant toutes ces variables, l’algorithme a recherché les personnes derrière ces crimes qui seraient le plus susceptibles de récidiver en étant en conditionnelle. Il apparaît que deux de ces variables soient particulièrement déterminantes : l’âge auquel le crime a été commis et le type de crime commis.

Les gens pensent que si quelqu’un a tué une fois, il recommencera. Mais ce qui compte c’est ce qu’il a commis comme crime en étant jeune. S’il a commis une attaque à main armée çà 14 ans, c’est un facteur hautement prédictif. S’il a commis le même crime à 30 ans, ce n’est pas révélateur.

précise BERK.

Selon BERK son logiciel IRMA est capable d’identifier 8% des récidivistes. Il travaille déjà à l’amélioration de son algorithme afin d’atteindre une plus grande précision dans ses prédictions.
Shawn BUSHWAY, Professeur de Justice Pénale à la State University de New-York souligne la possibilité d’harcèlement envers les personnes en liberté conditionnelle en cas de faux-positifs inévitables avec l’utilisation d’un tel algorithme. Cela aboutira à

Punir des personnes qui, selon toute probabilité, ne commettront aucun crime à l’avenir.

IRMA a déjà été adopté par la Pennsylvanie et le Maryland, et part à l’assaut de la capitale des Etats Unis : Washington.

 

prediction

 

Il existe à ce jour plus de 120 outils permettant d’évaluer le risque de récidive : questionnaires psychologiques, checklists, évaluations biographiques, … Nous sommes bien loin des théories de Cesare Lombroso et de « L’homme Criminel ».

Espérons qu’un tel logiciel ne vienne pas remplacer les juges ! William Shakespeare dirait  « Beaucoup de bruit pour rien ».

Mais la cartographie criminelle a le vent en poupe. Elle a conquis les polices britannique, polonaise, et américaine.

 

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