Les « sels de bain » ont la même action sur le cerveau que la cocaïne
La consommation de stimulants synthétiques, connus sous le nom de « sels de bain » a connu un véritable essor depuis cinq ans. Leur succès est dû essentiellement à la facilité avec laquelle on peut se les procurer, sur Internet ou dans de simples épiceries et au manque de régulation légale.
Des études récentes ont montré une consommation compulsive parmi les utilisateurs, et déplorent plusieurs morts chez les consommateurs de sels de bain à base de méphédrone (4-methylmethcathinone ou « miaou-miaou »). Plusieurs pays ont donc interdit la production, la possession et la vente de méphédrone mais aussi de tous les dérivés de cathinone.
Une Liste 1 exclusive
En Octobre 2011, la D.E.A (Drug Enforcement Agency )a placé la méphédrone dans la liste 1 des produits toxiques,tombant sous la loi règlementant les substances chimiques pendant une durée d’un an afin de procéder à des tests de toxicité.
En fait, en faisant cela signifie que la D.E.A n’en sait pas suffisamment sur ces drogues pour connaître précisément leurs dangers potentiels, donc elle les inscrit sur la liste des drogues les plus règlementées, afin de réunir des données, et d’aboutir à une décision raisonnée lorsque ces composés seront identifiés et classifiés.
déclare CJ MALANGA, docteur et professeur en neurologie, neurobiologie et pharmacologie à l’Université de North Carolina.
L’inscription à la liste 1 des substances signifie que
- la drogue ou autre substance a un fort potentiel de toxicomanie
- la drogue ou autre substance ne peut être actuellement utilisée dans le cadre d’un traitement médical sur le territoire américain.
- ces substances ne pourront faire l’objet en aucun cas de prescription médicale, et leur production est soumise à un quota fixé par la D.E.A.
La drogue inscrite sur la Liste 1 des substances n’aura pas nécessairement le même potentiel de toxicomanie que l’héroïne ou la cocaïne, mais ne pourra en aucun cas être utilisée dans un traitement médical même sous la supervision d’un médecin. D’ailleurs, la cocaïne est inscrite sur la Liste 2, liste incluant les substances limitées à un usage médical.
Sont également sur la Liste 1 : la marijuana, l’héroïne, la MDMA (ecstasy), la mescaline, le LSD, la cathinone…
Un circuit de récompense dysfonctionnel
Aujourd’hui, pour la première fois les résultats des recherches menées par MALANGA apporte la preuve incontestable que la méphédrone, à l’instar de la cocaïne peut développer une forte toxicomanie.
Les effets de la méphédrone sur le circuit de la récompense est comparable voire similaires que ceux de la cocaïne. Comme nous nous y attendions, nos recherches démontrent que la méphédrone a un fort pouvoir addictif et toxique.
Le rapport de ces recherches a été publié dans le journal « Behavorial Brain Research » et révèle que d’autres stimulants potentiellement addictifs
activent à tort le circuit de récompense qui est impliqué dans le processus de renforcement positif. Ces deux éléments jouent un rôle important dans les « highs » et la prise de drogue compulsive.
En effet, le circuit de récompense, ou système hédonique, est un système fonctionnel, relié à nos besoins fondamentaux (se nourrir, se reproduire, …) et donc à notre survie. Il est au cœur de nos comportements et est constitué :
- d’une composante affective : la « récompense » provoque le plaisir, et la « punition » le déplaisir
- d’une composante motivationnelle : il s’agit de la stimulation permettant d’obtenir la « récompense » et d’éviter la « punition »
- d’une composante cognitive : liée à l’apprentissage par le conditionnement.
Le circuit de récompense consiste en deux petits groupes de neurones, l’un situé dans l’aire tegmentale ventrale (ATV), l’autre dans le noyau accumbens.
Le messager chimique qui établit la connexion entre ces deux groupes de neurones est la dopamine.
Les drogues, quelles qu’elles soient, stimulent la sécrétion de dopamine et produit une sensation de belle « récompense ».
Ainsi, le dysfonctionnement du circuit de la récompense serait à l’origine de la dépendance aux substances psychotropes.