REVELE D’EMPREINTES SUR ALIMENTS

REVELE D’EMPREINTES SUR ALIMENTS

Des experts en criminalistique de l’Université d’Abertay Dundee (Royaume Uni) ont relevé des empreintes papillaires déposées sur des aliments : le premier compte rendu publié sur ce sujet.

Seulement deux études au monde ont rapporté avoir effectué des relevés d’empreintes sur aliments : l’une issue de Slovénie, et l’autre d’Inde. Cependant, les révélateurs utilisés ne sont pas ceux utilisés couramment.

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Adhésif de relevé, ou sticky-side

Les aliments sont des surfaces réputées difficiles, aussi sont-ils souvent écartés de toute analyse papillaires lors des enquêtes. En modifiant la technique de relevé par  adhésif (sticky-side),  les anglais mettent la nourriture sur la table des analyses.

Les résultats de leurs recherches, publiés dans « Science and Justice », prouvent que leur méthode peut être appliquée et dupliquée par d’autres experts en criminalistique.

Dennis GENTLES, expert en criminalistique et anciennement technicien de scène de crime, qui a également travaillé pendant ces dix dernières années à l’Université d’Abertay Dundee, explique l’importance de cette découverte :

Bien que de nombreuses techniques de relevé d’empreintes aient été développées ces dernières années, certains supports restent difficiles à exploiter, comme les plumes, la peau humaine et animale ; les aliments, tels que les fruits et légumes faisaient partie de cette catégorie, car leurs surfaces sont variables, tant par leurs couleurs et leurs textures, que par leurs degrés de porosité. Ce sont tous ces facteurs qui rendent le relevé d’empreintes digitales problématique, car certaines techniques fonctionnent sur les surfaces poreuses, et d’autres sur les non-poreuses.

 

Utiliser la technique adéquate est de la plus haute importance, sous peine de voir l’empreinte se détruire et son support s’abimer, voyant ainsi disparaître ce qui aurait pu être une preuve vitale.

 

Le fait que nous ayons réussi  à relever des empreintes de surfaces aussi difficiles que celles des aliments est un autre pas vers le combat contre le crime. Cela peut sembler bien peu, et pourtant, un morceau de fruit peut s’avérer être la seule surface manipulée sur une scène de crime, alors la mise au point de techniques testées et éprouvées pour relever les empreintes sur ce type de surface est quelque chose qui doit être considéré à sa juste valeur par les enquêteurs.

Exemple d'empreintes relevées à l'aide de poudre noire
Exemple d’empreintes relevées à l’aide de poudre noire

L’équipe de scientifiques s’est alors penchée sur les techniques de révélation chimiques utilisées couramment sur une scène de crime, ou en laboratoire : ces substances sont différentes de celles utilisées dans les deux autres études publiées, et sont celles qui sont recommandées par le Home  Office.

Les résultats furent tout d’abord particulièrement décevants. L’utilisation des techniques dites traditionnelles produisirent des empreintes de piètre qualité, inexploitables devant une cour de justice, que ce soit avec de la ninhydrine, du cyanoacrylate, des réactifs  vaporisés,  ou poudre noire en suspension prête à l’emploi.

Mais c’est en modifiant la composition de la poudre utilisée dans la méthode dite de « poudre en suspension » que les empreintes se révélèrent de bonne qualité. En jouant sur la quantité d’oxyde de fer (II/III) (10 et 20g), en rajoutant de l’eau distillée (20mL) plutôt qu’une solution détergente, et en diluant davantage la solution, la poudre noire  présente une meilleure adhérence au support, mais elle doit être utilisée immédiatement, car elle a une durée de vie très courte. La poudre ressemble alors à une sorte de goudron épais, et les empreintes sur des aliments tels que les oignons, les pommes et les tomates apparaissent avec une précision étonnante.

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Empreinte relevée sur un oignon, d’une précision étonnante

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Il existe environ 15 techniques de révélation papillaire, qui sont recommandées par le ministère de l’Intérieur, pour différents types de surfaces, et les équipes de chercheurs les affinent constamment, en développent de nouvelles, afin que la police puisse disposer de toutes les preuves possibles, pouvant les aider dans leurs enquêtes.

 

Bien que la méthode en suspension ait été développée à l’origine pour révéler des empreintes issues d’adhésifs de relevé, on s’est alors demandé si cela pouvait aussi fonctionner sur des supports alimentaires, car c’était quelque chose qui n’avait jamais été testé avant. Cette méthode bat toutes les autres.

 

Cependant, il reste encore beaucoup de travail à effectuer avant de pouvoir utiliser cette technique sur tous les types d’aliments.

Nous avons d’ores et déjà démontré qu’il est possible de relever des empreintes sur certains aliments, ce que l’on pensait alors impossible.

Décidément, l’Université d’Abertay s’est fait une spécialité des empreintes difficiles, voire impossibles à relever, en présentant déjà en 2011, un protocole permettant de relever des empreintes sur les tissus.

 

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