Vers une lutte à armes égales
Un nouveau test pour les drogues que l’on trouve dans les boites de nuit, comme la kétamine, peut détecter à de très faibles niveaux les traces laissées dans les urines ou dans le sang, tout en rendant l’analyse moins chère et plus facile.
Cette étude, publiée dans le « Journal of Chromatography B », affirme que cette méthode pourrait donner aux autorités le coup de pouce dont elles ont besoin pour ne pas se laisser distancer dans la lutte contre la toxicomanie.
Les NPS : une offre croissante
Une nouvelle race de drogue, que l’on appelle « nouvelles substances psychoactives » (NPS), gangrène le monde de la nuit.
Vendues en ligne sous la dénomination trompeuse de « drogues légales », ces substances posent un véritable problème aux autorités car elles sont difficiles à analyser, et suivre le rythme imposé par la fréquence des nouveautés mises sur le marché est une tâche ardue.
Plus de 250 substances ont été identifiées à ce jour, et de nombreux cas de décès suite à la consommation de cannabinoïdes, méphédrone, MDPV ou de 4-MA ont été recensés.
Une de ces pilules récréatives (party pills) n’est autre que de la kétamine, un anesthésiant pour animal, qui provoque des hallucinations, avec un fort effet dissociatif.
La kétamine, également utilisée ces dernières années comme «drogue du viol», est un sédatif, qui soulage la douleur mais cause des pertes de mémoire.
Il est difficile pour les services d’urgence de distinguer les patients intoxiqués à la kétamine des personnes souffrant d’une intoxication alcoolique. Présentant les mêmes symptômes, ils risquent de se voir administrer un traitement inadéquat pour cause d’erreur de diagnostic.
Concurrence déloyale
Il est essentiel de concevoir de nouvelles méthodes d’analyse des substances psychoactives afin de ne pas se laisser distancer dans cette course effrénée, imposée par cette tendance.
Pour la première fois, une étude décrit une méthode rapide, simple, et validée qui permet de détecter la kétamine dans le sang et dans les urines.
Ces drogues sont difficiles à analyser, car les molécules sont versatiles et de nouvelles drogues apparaissent presque tous les mois ; les trafiquants ont toujours une longueur d’avance sur les autorités,
témoigne Dr Eugenia GALLARDO, de l’Universidade da Beira Interior (Portugal), directrice de l’étude,
Les méthodes analytiques de détection de drogues dans des échantillons biologiques, jouent un rôle essentiel, et leur fiabilité est d’une importance majeure pour la toxicologie clinique et légale.
Cette nouvelle méthode d’analyse utilise la chromatographie en phase gazeuse et spectrométrie de masse en tandem, souvent utilisée dans la détection de drogue, les enquêtes sur les incendies et les analyses environnementales.
La kétamine dévoilée en 30 minutes
Les scientifiques ont extrait la kétamine et son principal métabolite, la norkétamine à partir d’échantillons de 0.25mL d’urine et de sang.
Cette analyse novatrice permet de détecter une quantité aussi faible que 0.5 nanogramme par millilitre. Un tel seuil de détection permettra aux laboratoires toxicologiques d’utiliser un seul échantillon à des fins d’analyses multiples.
L’analyse, du début à la fin, ne prend que 30 minutes, puisque la phase de dérivatisation n’est pas nécessaire : les médecins disposeront d’informations essentielles leur permettant d’administrer le traitement adéquat.
Ces faibles seuils de détection et les quantités importantes des composés extraits à partir de minuscules échantillons rendent cette procédure adaptée aux laboratoires qui réalisent des analyses de routine dans le cadre de la toxicologie légale.
affirme le docteur GALLARDO,
Comparée aux méthodes existantes, notre nouvelle procédure est plus rapide et moins coûteuse.