4 leçons de vampirisme

Créature mythique, à l’origine de nombreux fantasmes, le vampire est à la fois source de peur, de répulsion mais aussi d’attirance. Ils existent mais pas sous la forme du séduisant Edward de la saga « Twilight ».

Anthropologie et Vampirisme

Docteur Matteo BORRINI, de l’université de Florence
Docteur Matteo BORRINI, de l’université de Florence

Découverte d’un squelette de « Vampire » à Venise : pic et brique et colegram

Que ce soit un nachtzehrer, un goule, un  vámpir, toutes ces dénominations renvoient au même concept, celui d’un être revenu d’entre les morts pour sucer le sang des vivants. En 2006-2007, une équipe d’archéologues italiens, dirigés par le Docteur Matteo BORRINI de l’Université de Florence, ont fait une découverte étonnante sur l’île de Nuovo Lazzaretto, à Venise. L’île était le sanctuaire d’un charnier où étaient enterrées les victimes  qui avaient succombé aux vagues successives de peste entre le XVème et XVII ème siècle. Le corps était alors allongé sur le dos, avec la moitié du thorax supérieur intact, les bras allongés le long du corps, les articulations d’un point de vue anatomique également intactes.

Découverte du squelette du « vampire » de Venise
Découverte du squelette du « vampire » de Venise

 

Différents examens anthropologiques (crâne, caput omiris) et odontologiques (observations radiologiques) ont alors révélé qu’il s’agissait d’une femme, âgée d’une soixantaine d’années. Mais cette dépouille avait quelque chose d’insolite : une brique avait été positionnée afin de bloquer l’articulation mandibulaire, gardant ainsi la mâchoire ouverte. L’hypothèse que le positionnement de cette brique fut accidentel, suite à un rejet de sédiments environnants par exemple, fut écartée.  Selon les chercheurs, le placement de cette brique était intentionnel et relevait de superstition et de rituel.

 

Reconstitution faciale Vampire
Reconstitution faciale du « vampire » de Venise

En 1728, le philosophe allemand Michel rédige un essai qui s’intitule « De masticatione mortuorum in tumulis ». Il décrit combien les populations craignent d’entendre des bruits de mastication s’élever des fosses communes, lorsque sévit la peste. En effet, on croit à cette époque que ce bruit est celui d’un vampire qui revient hanter ses proches encore vivants, et que tant que ce bruit durera, l’épidémie ne s’éteindra pas. En outre,

Pour tuer un vampire, il convenait de retirer le linceul de sa bouche, qui était sa nourriture telle le lait pour un enfant, et de le remplacer par quelque chose d’immangeable à la place,

précise le Docteur BORRINI

Il reste  persuadé qu’

il y a fort à parier que la femme a été accusée de vampirisme et qu’après son décès on a pris soin de transpercer son corps afin de l’empêcher de revenir parmi les vivants.

Plus récemment, deux squelettes vieux de 800 ans ont été déterrés d’un site d’excavation près d’un monastère de la ville de Sozopol, en Bulgarie, une tige en fer plantée dans la poitrine. Selon des croyances païennes, les gens considérés comme mauvais de leur vivant pouvaient se transformer en vampire à l’heure de leur mort, à moins de se voir enfoncer un pic en bois ou en fer avant d’être enterrés. Ce pic devait les clouer dans leurs tombes afin de les empêcher de se lever à minuit et de terroriser les vivants.

Sozopol
Les squelettes de Sozopol
Bozhidar DIMITROV, historien et directeur du Musée National de Sofia
Bozhidar DIMITROV, historien et directeur du Musée National de Sofia

Selon Bozhidar DIMITROV, historien et directeur du Musée National de Sofia, plus d’une centaine de cadavres enterrés, découverts au long des années en Bulgarie, étaient ainsi poignardés.

 

 

 

 

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