Dater l’âge d’une empreinte digitale peut avoir un impact significatif en sciences forensiques, ainsi que faciliter la procédure judiciaire en évaluant la pertinence d’une empreinte sur une scène de crime.
Si l’on peut aujourd’hui obtenir d’une empreinte digitale latente des informations sur son détenteur telles que l’âge, le sexe, et tout contact avec des explosifs ou du maquillage, aucune méthode ne permet d’en connaître avec certitude la date à laquelle elle a été laissée.
Dater une empreinte permet d’inclure ou d’exclure plus facilement des suspects lors d’une enquête, mais aussi de ne relever que les empreintes pertinentes.
Dans l’étude publiée le 17 juillet dernier, la spectrométrie de masse d’ions secondaires à mesure de temps de vol (ToF-SIMS) a permis de mesurer la diffusitivité des acides gras saturés d’une empreinte digitale à partir d’un disque en silicone.
En étudiant les diverses biomolécules composant l’empreinte, Shin MURAMOTO et Edward SISCO, chercheurs au NIST ont découvert qu’une substance appelée acide palmitique migrait des sillons à un rythme calculable. Ils ont donc modélisé cette émission, tout en y incluant une fonction d’erreur et des espèces de poids moléculaires plus élevés : en effet, il semble que la diffusitivité ne dépend seulement du poids moléculaire. C’est en se basant sur cette diffusion que ces scientifiques sont parvenus à estimer l’âge d’une empreinte, à l’instar d’une empreinte de pneu dans la terre qui petit à petit s’estompe.
En bref, plus l’acide palmitique est diffus, plus l’empreinte est ancienne.
Nous cartographions la composition chimique à l’échelle submicrométrique, et observons la façon dont bougent les composés,
explique Edward SISCO.
Le majorité des composants de l’empreinte de dépose sur les crêtes, puis progressivement s’insinue dans les sillons.Les plus petites molécules bougent plus rapidement, les plus lourdes, plus lentement, mais tout cela peut être modélisé avec une fonction classique pour la diffusion moléculaire.
On a découvert récemment que l’âge d’une empreinte pouvait être obtenu par l’étude de l’ampleur de l’oxydation des protéines et lipides contenus dans celle-ci. Néanmoins, cela reste une méthode quelque peu hasardeuse, car le processus d’oxydation est sensible aux facteurs environnementaux, tels que la température et la lumière : un véritable challenge lorsque ces facteurs ne peuvent être contrôlés, tandis que la méthode utilisée par MURAMOTO a de beaux jours devant elle.
Capable de dater une empreinte vieille de 4 jours, l’équipe travaille sur un intervalle de diffusion de 240 heures (10 jours), mais aussi sur des supports non poreux comme le métal et la peinture, plus réalistes que la surface lisse et parfaite du silicone poli utilisé pour les recherches.