Les drogues de synthèse prises dans la toile
Les Nouvelles Substances Psychoactives (NPS) constituent une menace croissante comme en témoigne l’augmentation d’admissions aux urgences et d’appels aux centres antipoison.
« Une grande et belle famille »
L’identification des substances illicites est principalement réalisée grâce aux saisies effectuées par les douanes.
Familles pharmacologiques
Cathinones
- regroupe plus de 50% des NPS
- effets stimulants
Cannabinoïdes (Spice)
- Se fixent sur les mêmes récepteurs que le THC
- 68 sortes ont été identifiées en Europe
- Représentent près de 50% des NPS
Pipérazines
BZP (benzylpipérazine)
- stimulant
Tryptamines
DMT (diméthyltryptamine)
- hallucinogène puissant mais éphémère
Phénéthylamines
MDMA, amphétamines, 2C-B
- propriétés stimulantes, empathogènes, quelque peu hallucinogènes
- La 4-MA , produit de synthèse aux effets physiques semblables à ceux des amphétamines est depuis février 2013 interdite dans toute l’UE : 21 décès dus à la 4-MA, seule ou associée à d’autres substances, ont été dénombrés à ce jour.
NPS : une multitude d’appellations pour un nombre restreint de drogues
Si les appellations de ces drogues de synthèse sont nombreuses, elles correspondent à un nombre limité de famille de substances.
- Legal Highs
Désigne des substances psychoactives, soit détrivées de plantes ou synthétiques, tantôt non classé encore comme stupéfiants ou déjà classées comme illégales. En aucun cas, ces euphorisants sont légaux.
- Smart Drugs
Désigne des substances dopantes à des fins psychoactives, obtenues sous ordonnance ou vendues comme compléments alimentaires. Elles se divisent en trois catégories :
- les smart drugs ou drogues nootropiques (médicaments détournés de leur indication véritable)
- les smart drinks ou smart nutrient (caféine, Asian Ginseng)
- les energy drinks (Red Bull)
- Designer Drugs
Désigne des substances issues de molécules imitant d’autres molécules afin d’en avoir les mêmes effets. Ces molécules sont classées comme stupéfiants.
- Research Chemicals
Désigne des molécules psychostimulantes utilisées dans l’élaboration de médicaments. L’appellation RC est utilisée sur les sites internet de vente de produits illicites afin de contourner la législation : « usage réservé à la recherche ».
- Bath Salts (Sels de Bain, Engrais, Encens)
Tous ces termes visent à détourner la législation sur les stupéfiants. Ils portent une mentions « impropre à la consommation humaine ». Les sels de bain se réfèrent plutôt aux produits dérivés de la cathinone et les « encens » aux cannabinoïdes.
- Party Pills, Herbal Légaux, Ecstasy légaux
Tous ces termes désignent des substances variées, toutes illégales.
Internet : un marché segmenté sans cesse en expansion.
La vente sur internet offre de nouvelles opportunités en augmentant le nombre de clients potentiels, tout en minimisant les risques de se faire arrêter pour vente de produits illicites. Outre des méthodes de camouflages sophistiquées qui permettent de crypter les adresses IP et anonymiser les paiements, internet est à la fois dynamique et évolutif, offrant une mobilité incomparable. Un site peut fermer puis rouvrir à une une adresse IP à l’infini.
Les sites s’implantent dans des pays où les substances vendues n’ont pas été déclarées illégales, et lorsqu’elles le sont, le site « déménage ».
En 2010, on dénombrait 170 sites proposant des livraisons en Europe. En janvier 2012, date du dernier recensement, on en comptait 693.
Les cibles de ces drogues de synthèse sont variées : cela va du consommateur novice à l’initié.
Le novice se tournera vers des sites qui ciblent un public jeune en privilégiant la vente de cannabinoïdes de synthèse. On y trouve également des comprimés divers et variés, mais l’aspect synthétique des substances n’est pas mis en avant. L’aspect graphique du packaging est accentué : il faut plaire. Ces sites qui vendent ces drogues sous des appellations enchanteresses sont légion et constituent la plus grande majorité de la vitrine du net.
Le consommateur averti ne recherche pas un emballage clinquant, il connait les produits et les molécules chimiques correspondantes, ainsi que les dosages. Les produits sont vendus à « l’état brut », sans conditionnement soigné. Sobriété et efficacité sont les mots clefs.
Enfin, il existe un monde « sous terrain » sur internet, appelé le « deep web ». Proposant différents produits illicites allant du faux diplôme à la drogue de synthèse en passant par des médicaments, ces sites sont hautement protégés. Pour y accéder, il faut être doté de compétences informatiques solides et de relations qui vous communique l’adresse internet du site, car il reste en dessous des radars des moteurs de recherche. Quant au paiement, il est effectué grâce à une monnaie virtuelle qui ne laisse aucune trace.
Bravant toute législation, que ce soit celle de l’alimentation exigeant un étiquetage strict, ou celle des médicaments où un protocole doit être respecté, les NPS s’infiltrent et gagnent du terrain en laissant sur leur chemin un nombre de plus en plus grand de consommateurs souffrant de symptômes physiologiques et psychiatriques allant jusqu’au décès.