Une personnalité impulsive de sang-froid
A la fois impulsifs et démontrant du sang froid, les psychopathes sont des individus réputés pour leur comportement violent et insensible. Les différentes interactions sociales déclenchent chez eux des réponses émotionnelles incontrôlées.
L’individu normal contrôle son comportement socio-émotionnel par la régulation de l’activité neurologique de son cortex préfrontal antérieur et de l’amygdale, siège des émotions, par la modulation de la testostérone qui est impliquée dans la liaison amygdale-cortex préfrontal.
L’étude menée aux Pays-Bas, au Donders Institute for Brain, Cognition and Behaviour, par le Professeur Karin ROELOFS et ses collègues, met en évidence l’influence de la testostérone sur le circuit cérébral, qui coordonne les actions émotionnelles.
La testostérone affecte la connectivité entre le cortex préfrontal, qui régule et contrôle les comportements émotionnels, et l’amygdale. Puisque cette connectivité est réduite, le cortex préfrontal génère des réponses brutales.
Ce schéma cérébral est encore plus prononcé chez les criminels psychopathiques avec des niveaux endogènes élevés de testostérone.
Cette signature neuroendocrinienne qui altère le contrôle émotionnel révèle la pertinence de prendre en considération les niveaux de testostérone chez les patients psychopathiques afin de traiter leur comportement impulsif.
La psychopathie est une maladie associée à des réponses émotionnelles violentes, et à un comportement dirigé sur des objectifs.
Le psychopathe éprouve les plus grandes difficultés à contrôler ses impulsions : cette particularité est un trait essentiel du criminel psychopathe, et pourtant longtemps négligée par les neurosciences cognitives.
Un Stimulus sous surveillance
15 criminels violents psychopathiques ont dû contrôler leurs réflexes devant un set d’images servant de stimuli émotionnel. Ils devaient effectuer le mouvement inverse à l’aide d’un joystick : « en colère » vers eux, « heureux » vers l’extérieur.
De tels mouvements du joystick vont à l’encontre de toute intuition ou instinct, aussi exigent-ils du contrôle, qui se traduit par une activité cérébrale monitorée par IRM.
L’excès de testostérone chez les psychopathes a montré un net déficit de communication entre les zones contrôlant les émotions, contrairement au groupe de contrôle constitué de 21 hommes issus du personnel hospitalier, recrutés pour leur similarité tant au niveau de leurs QI, que de leurs âges, mais sans antécédents judiciaires ni psychiatriques.
Une lumière au bout du tunnel ?
Comprendre les mécanismes qui régissent le comportement socio-émotionnel du psychopathe est essentiel à l’amélioration de son traitement, qui jusqu’à présent s’est avéré inefficace, mais aussi à l’élaboration d’une réponse à un fort taux de récidive.
De nombreuses études préalables ont montré une réactivité à l’émotion altérée dans plusieurs zones du cerveau, notamment dans le cortex préfrontal antérieur et l’amygdale, un dysfonctionnement tant fonctionnel qu’anatomique : ces deux zones n’interagissent pas efficacement. Ce circuit neuronal est essentiel au contrôle des actions émotionnelles pertinentes et adaptées : un niveau élevé de testostérone réduit drastiquement ce contrôle.
Les psychopathes, qui ont un taux de testostérone normal, adopte un comportement comparable à des personnes en bonne santé mentale.
Il serait alors intéressant de mener une étude à plus grande échelle, d’analyser ce déséquilibre neuro-hormonal dans la régulation émotionnelle chez les patients psychopathiques, et d’en étudier les implications thérapeutiques. L’aspect impulsif-violent du psychopathe pourrait-il être guéri ?