Aujourd’hui lorsqu’une fibre est retrouvée sur la scène d’un crime, on peut déterminer sa couleur et le type de textile auquel elle appartient , mais on ne peut identifier spécifiquement le vêtement dont elle est issue. Doug BEUSSMAN a trouvé un nouveau mode d’analyse de fibres qui pourrait changer la valeur d’une telle preuve, et aider considérablement à la résolution de crimes.
Coton Blanc et Blanc Coton
Omniprésentes dans notre environnement quotidien, les fibres sont des indices matériels précieux dans de nombreuses affaires criminelles.

Les tissus sont formés par l’entrecroisement de fils de chaîne et de fils de trame. Leurs armures sont essentiellement à base de toile, de sergé ou de satin. Doug BEUSSMAN, professeur agrégé de Chimie et Maître de conférences à la St Olaf University (Minnesota, Etats-Unis), vient d’obtenir une subvention de 114 000$ du National Institute of Justice (NIJ) afin de poursuivre ses recherches, qui devraient le tenir occupé pendant les trois années à venir.
Pouvoir identifier avec précision la provenance d’une fibre de coton blanc, fibre la plus communément trouvée, est un véritable défi. Pouvoir l’attribuer à une marque précise de T-Shirt blanc, ou pouvoir la relier à une serviette de coton, ou tout type de textile à base de coton blanc n’est pas une tâche aisée. Ces fibres sont toutes apparemment identiques et ne peuvent être différenciées au microscope, ou même par toute autre méthode ou test.
Cependant, elles présentent des disparités notables liées aux divers facteurs environnementaux caractéristiques de l’année et de la région où le coton a été cultivé.

Ces influences environnementales affectent assurément les atomes des molécules présentes dans le tissu, et par conséquent le modèle isotopique. L’utilisation d’un spectromètre de masse à ratio isotopique permet de détecter ces minuscules différences. Ce type de spectromètre permet de séparer les ions et les molécules chargés d’un échantillon donné selon leur masse.

Pour leur expérience, le professeur BEUSSMAN et son étudiant Jason ECKMAN ont utilisé des fibres de coton blanc issues de différents T-Shirts blancs, de marques diverses, mais aussi des fibres de même nature issues de serviettes en coton blanc et lisse, ajoutées à celles provenant d’autres textiles toujours en coton blanc. Le but de l’expérience était de pouvoir différencier tous ces éléments en fonction de la proportion des isotopes trouvés dans chaque fibre.

Afin d’obtenir ce rapport, ils ont prélevés des échantillons de tissus et les ont brûlés. Lors de la combustion, les gaz émis par les morceaux de tissus, contenant des éléments tels que du carbone et de l’hydrogène, ont pu alors être mesurés et utilisés pour déterminer le rapport isotopique des éléments. C’est en travaillant pour le FBI, que Doug BEUSSMAN a eu cette idée. En effet, le FBI utilise ce type de spectromètre pour analyser les drogues et stupéfiants, qui sont, comme chacun le sait, élaborés à base de plantes. Le coton étant une fibre d’origine végétale, le professeur BEUSSMAN a alors transposé cette méthode à l’analyse des textiles.
Une Multitude de textiles : une multitude de possibilités

Rapprocher une fibre trouvée sur les lieux d’un crime à un vêtement d’un suspect n’est pas considéré par le système judiciaire outre -atlantique comme une preuve directe, mais seulement circonstancielle. Seule l’accumulation de preuves indirectes peut aboutir à une condamnation .Car compte tenu de la multiplicité de fibres, tout résultat obtenu n’est pas considéré comme une preuve scientifique absolue. Pour les textiles tressés, il convenait jusqu’alors d’étudier les techniques de tressages ( sens de torsion, de retorsion …), ainsi que la nature des fibres présentes dans l’échantillon. Pour ce qui est des textiles tissés, l’examen portait principalement sur :
- Les fils (la nature des fibres, leur diamètre, leur torsion et leur numéro)
- Les lisières et les coutures
- L’armure (soit la nature et le nombre de fils au centimètre dans le sens de la chaîne et de la trame, le mode d’assemblage ou tissage de ces fils).
Les fibres sont divisées en deux familles, elles-mêmes sous-divisées :

- Les fibres naturelles
- Fibres animales (laine, soie, mohair, …)
- Fibres végétales (coton, lin, chanvre, …)
- Fibres artificielles (lyocell, Tencel, Lenpur,…)
- Les fibres chimiques
- Fibres artificielles, notamment cellulosiques (acétate, viscose, triacétate) …
- Fibres synthétiques
i. Polyacryliques (crylor)
ii. Polyamides (nylon, rilsan)
iii. Polyesters (tergal)
iv. Polyéthylènes
v. Polypropylènes
vi. Polyvinyliques , etc ..
D’ailleurs, la subvention obtenue auprès du NIJ permettra à Doug BEUSSMAN de poursuivre ses recherches à une plus grande échelle : tester plus de couleurs, plus de types de tissus, voire étendre ses recherches aux fibres synthétiques. Il présentera ses travaux à la prochaine conférence annuelle de l’American Academy of Forensic Science.
Avec chaque recherche vient son lot de nouvelles questions et nouvelles opportunités,
déclare Doug BEUSSMAN.