Le laser 3D a une fois de plus montré son utilité sur la scène de crime de Chevaline (Haute-Savoie) survenu en ce début du mois de Septembre. Utilisé également pour recréer la tuerie du cinéma d’Aurora, il a produit une animation étonnante ! Capable de numériser en très haute définition et en 3 dimensions une scène de crime, cet outil, acquis par l’IRCGN en 2008, permet de reconstituer les faits et vérifier hypothèses et témoignages.
Une reconstitution en haute définition
Le laser 3D permet une étude tridimensionnelle par photographie numérique. Egalement appelé quadrage, cette technique appliquée à la fixation des lieux
permet de déterminer la provenance de tâches de sang sur un mur ainsi que la trajectoire d’un projectile.Il peut également s’avérer utile dans les accidents de grande ampleur (ferroviaires, maritimes, aériens, de la route …).
Le Département Signal Image Parole de l’IRCGN est doté d’un FARO Laser Scanner 3D lui permettant de modéliser une scène de crime à partir d’une acquisition laser.
L’acquisition consiste à modéliser la scène de crime par un ensemble de nuage de points acquis par un balayage laser. Le laser enregistre 80 millions de points, soit environ 1 point par millimètre dans une pièce grande comme une cuisine. Ce type d’acquisition ne nécessite que 7 minutes environ. Cette rapidité d’acquisition permet de libérer les lieux promptement.Le nuage de points est accompagné d’une acquisition photographique afin d’accroître le réalisme.
Le laser en lui-même est un théodolite, qui mesure les angles verticaux et horizontaux, monté sur un trépied. Il est couplé avec un capteur de distance infrarouge, qui mesure les distances entre le laser et des sphères placées devant l’objet dont on veut mesurer la distance qui le sépare du laser. Les nuages de points mesurés en 3D sont stockés progressivement dans des fichiers, chaque « point de vue » sur un objet étant composé des sous-points de vue correspondant aux sphères-témoins et aux différents tirs réalisés sur cet objet.
Ces données, stockées électroniquement, pourront être exploitées par un ordinateur qui regroupera les différentes prises de vues pour reconstituer une scène globale. Ce sont les sphères disposées sur la scène de crime qui permettront de repérer les différentes tranches pour pouvoir reconstituer l’ensemble de la scène.
Une version animée pourra même être générée afin d’être présentée devant un Tribunal lors d’un procès.
Une réalité modulable doublée d’une machine à remonter le temps
La modélisation en 3D permet de mettre en scène plusieurs scénari. Ces variantes reposent sur les différentes versions des témoins ou des protagonistes, et met en évidence les incohérences potentielles.
De la même façon, l’environnement peut être modifié : on peut changer la végétation, rajouter des objets,une arme, des personnes, des voitures, ou encore
un panneau de pub disparu depuis les faits pour vérifier si une balle aurait pu ricocher dessus. Ou même effacer des feuilles d’arbres pour vérifier si, en hiver, un témoin avait la vue sur la scène de crime.
précise l’adjudant Thierry SUBERCAZES, expert balistique à l’IRCGN.
C’est en retraçant les trajectoires et en positionnant les protagonistes que ce dernier avait pu invalider une expertise balistique :
Il aurait fallu que le type soit enterré, comme l’arme, pour pouvoir atteindre sa victime comme le prétendait l’expert.
Lors de sa visite à l’IRCGN en février 2012, Claude GUEANT, alors ministre de l’intérieur, a salué
le passage d’une culture de l’aveu à une culture de la preuve.
La preuve scientifique est devenue un élément d’enquête criminelle incontournable, constituant un support précieux dans un procès, et ce pour la modique somme de 80.000 euros …