Story Highlights
- 100 ème anniversaire marqué par la trahison
- Un empire de $80 milliards qui s’essouffle sous la pression policière
- Difficile de séduire par les temps qui courent
8-9-3 : rien ne va plus !
Hier, un nouveau groupe yakuza est né: le Kobe Yamaguchi-gumi, un clan de renégats bannis du plus puissant syndicat du crime japonais.
100 ème anniversaire marqué par la trahison
Yamachi -gumi, basé à Kobe, fondé en 1915 par une association de dockers, et dirigé par Shinobu TSUKASA, alias Kenichi SHINODA, 73 ans, vient exclure 13 gangs affiliés sur les 72 que comptent son organisation.
Sur les 23 400 membres qui composent le plus important groupe mafieux japonais, 2000, sur les 3000 bannis, ont décidé de suivre leur nouveau parrain, Kunio INOUE, 67 ans, ex-dirigeant de Yamaken-gumi, le clan jusqu’alors le plus important du groupe, et d’incorporer le nouveau groupe Kobe Yamaguchi-gumi, basé à 20 kms de Kobe, Awaji City.
En effet, suite à l’absence des dirigeants de ces trois groupes dissidents, Yamaken-gumi, Takumi-gumi,et Kyogu-kai, à une réunion du 27 Août, l’obayun a décidé de les bannir.
Après un siècle d’existence, voilà un anniversaire quelque peu entaché par une discorde qui a divisé une organisation criminelle souveraine, présente dans 44 préfectures sur les 47 que compte le Japon. Décrits par un membre du groupe Yamachi-gumi comme
des purs et durs chevronnés, avec un accès à des fonds considérables,
les dissidents ont produit un document de doléances à l’encontre du parrain Shinobu TSUKASA, afin d’exprimer leurs sources de mécontentement.
Accusé de despotisme, et d’égoïsme forcené, TSUKASA n’aurait eu de cesse que de favoriser son ancien gang co-fondé en 1984, le Kodo-kai, lui donnant un rôle jugé trop central dans le management du groupe et qui au demeurant, au lendemain de cette scission, est présenté comme le fer de lance du groupe Yamachi-gumi. A cela, s’ajoute une volonté expansionniste visant à agrandir le territoire d’action vers Tokyo, source s’annonçant plus lucrative.
Un empire de $80 milliards qui s’essouffle sous la pression policière
Car, si le magazine Fortune place le groupe Yamaguchi-gumi avec ses 80 milliards de revenus au premier rang mondial devant toutes les autres organisations criminelles, la réalité, selon les intéressés, ne serait pas si prospère.
Si les yakuza ne sont pas discrets, ni même secrets, ils n’en restent pas moins criminels. Dotés de bureaux somptueux, de façades d’entreprises honorables, de logos, et même sujets favoris de la presse People, ils ne sont pas techniquement illégaux.
Néanmoins, une série de lois anti – gang a été votée en 1992, criminalisant de nombreuses activités des yakuza, et rendant les parrains pénalement responsables de toutes actions de leurs membres.
Depuis 2011, toutes les sociétés faisant des affaires avec des gangsters encourent dans un premier temps un avertissement, mais en cas de récidive, elles peuvent être condamnées à payer de lourdes amendes assorties de peines de prison allant jusqu’à un an.
Les lois sont particulièrement restrictives, si bien que
la répression contre les yakuza a été appliquée à tous les niveaux, rendant les profits de plus en plus difficile à générer,
déclare Yoshiaki SHINOZAKI, juriste spécialisé dans le crime organisé.
Cette vague répressive s’étend même outre Pacifique : les Etats-Unis ont gelé les avoirs contrôlés par le Yamaguchi-gumi, mais également les avoirs de deux de ses dirigeants.
Il devient difficile pour les gangs d’engranger des profits via leurs activités traditionnelles, telles que le racket et la protection (šokaiya) ainsi que l’infiltration de certains secteurs d’activité, où la corruption fait des miracles.
Certes, il leur reste d’autres sources de revenus comme la prostitution, le jeu et le trafic de drogue, qui serait, selon des sources policières, l’activité générant le plus de profits.
Puis, il ne faut pas sous-estimer le Yamaguchi-gumi, qui, selon Shinobu TSUKASA, est capable d’évoluer et d’opérer en sous terrain, ce qui expliquerait la présence croissante des yakuza dans les milieux des arnaques financières et de la criminalité en cols blancs.
Difficile de séduire par les temps qui courent
Cependant, il semblerait qu’il soit plus difficile de séduire les jeunes voyous et de les convertir aux codes du Jingi. Ils rechignent à se couper un doigt, comme l’exige le code d’honneur du yakuza en signe de contrition, et préfèrent s’enfuir. Lorsqu‘ils sont rattrapés, et corrigés, au lieu de remercier leur supérieur pour cette leçon, ils courent porter plainte auprès de la police !
Le mode de vie yakuza aurait-il fini de faire rêver les gangsters en herbe ? En tous les cas, il sera difficile de recruter en cette période trouble et agitée.
Période que Yoshide SUGA, porte-parole du gouvernement, compte bien mettre à profit. Il voit ce désordre ambiant au sein du Yamaguchi-gumi comme une opportunité d’affaiblir les groupes mafieux.
Quant au chef de la police de la préfecture incluant Kobe, Ichiro KUME, il déclare vouloir les détruire
à l’aide d’une répression stratégique et ciblée sur les ressources tant humaines que financières.
La police est en alerte et s’attend à des affrontements violents.
Une scission signifiera une chute de revenus pour le Yamaguchi-gumi, et le yakuza, par nature, ne tolérera pas de perdre la face de cette façon,
avertit Hiroyuki UEMATSU, ancien policier détaché à la brigade du crime organisé.
Cette rébellion n’est pas sans rappeler 1984 : année marquée par le début d’une guerre sanglante sur l’entité du terrritoire japonais, qui a duré trois ans, causant la mort d’une trentaine de yakuza, dont le dirigeant du Yamaguchi-gumi, et 70 blessés.